Biodentiste.fr

Les dents c'est la vie !

Voulez-vous vous identifier ou vous enregistrer ?

Avr
06

La première partie de cet article décrivait la symbolique des dents, surtout celle des canines, en termes de bien-être et de santé. Dans la seconde partie, je m’intéresse aux prémolaires et aux molaires. Les premières prémolaires figurent nos aspirations et notre moi, ce que l’on pourrait résumer par les simples mots « moi, je veux » (Fig. 1). La première prémolaire supérieure droite reflète l’image de soi que l’on voudrait montrer aux autres et la gauche celle des désirs affectifs.

 

 

Les premières prémolaires supérieures comptent parmi les dents les plus fréquemment traitées et font l’objet d’interventions qui vont des obturations au traitement endodontique, à la pose de couronnes et aux extractions (Fig. 2). Cela n’a rien de surprenant si l’on pense aux notions auxquelles nous confrontent les médias au quotidien : quels dehors devons-nous afficher et que devons-nous acheter pour atteindre l’idéal ? Plutôt que de satisfaire nos désirs affectifs profonds, nous sommes astreints à suivre le troupeau.

 

La première prémolaire inférieure droite reflète notre capacité de réaliser nos projets et la première prémolaire inférieure gauche, notre capacité d’exprimer nos sentiments et nos souhaits dans notre environnement immédiat. Une question que soulèvent les premières prémolaires est celle des extractions orthodontiques. Selon l’auteur du livre Quand les dents se mettent à parler, le Dr Michèle Caffin, l’extraction des premières prémolaires affaiblit le sens du soi, et les enfants à qui l’on a extrait les prémolaires ont tendance à se soumettre facilement aux figures d’autorité, quoique contre leur gré. Je ne peux ni confirmer ni infirmer ce postulat car seuls quelques-uns de mes patients ont subi ce traitement, et je n’ai pas été en mesure de les suivre sur une période assez longue.

Les deuxièmes prémolaires peuvent être résumées par les mots « je veux créer » ou « mon moi créatif » (Fig. 3). La deuxième prémolaire supérieure droite symbolise ce que l’on veut développer dans le monde extérieur, nos enfants ou nos hobbies, et la deuxième prémolaire supérieure gauche nos dons naturels. La deuxième prémolaire inférieure droite, similairement à la première prémolaire adjacente, témoigne de notre capacité d’accomplir nos projets, particulièrement dans le domaine du travail. Ainsi, après la restauration d’une anodontie au moyen d’un bridge sur inlay, une jeune patiente dans l’indécision a terminé brillamment ses études au grand bonheur de ses parents (Fig. 4). Par contre les figures 5 et 6 sont des photographies de patients chez qui l’évolution professionnelle se place toujours au second rang des priorités.

La deuxième prémolaire inférieure gauche correspond à la concrétisation de l’énergie maternelle dans notre propre vie. Une linguoversion, la persistance de la deuxième molaire temporaire inférieure gauche (dent 75) et sa réinclusion dans l’arcade, traduisent une situation dans laquelle l’enfant ne peut, ou ne veut grandir et devenir adulte. Derrière tout cela se cache souvent l’influence de la mère, tout comme dans le cas de l’incisive latérale supérieure gauche en palatoversion, relaté dans la première partie de cet article.

Par chance, les mères ignorent généralement cette symbolique et par conséquent, après avoir offert à leur enfant un traitement orthodontique dont l’issue a été un réalignement parfait de la deuxième prémolaire permanente, elles sont stupéfaites de la transformation de leur progéniture, auparavant si docile, en un enfant pleinement conscient de sa personnalité.

Les premières molaires (Fig. 7) sont étroitement associées au désir d’être reconnu dans la société comme dans la famille. L’atteinte des idéaux pour améliorer notre position dans la société est liée à la première molaire supérieure droite ainsi qu’à la première molaire inférieure droite, et ces dents reflètent notre vie professionnelle et notre réussite à cet égard. La patiente présentée à la figure 8 avait dû renoncer à sa passion professionnelle en raison de circonstances familiales qui l’avaient contrainte à déménager et demeurer chez elle. Après un traitement endodontique de la seconde prémolaire supérieure droite et de la première molaire supérieure droite (dents 15 et 16), elle a présenté une importante lésion périapicale de la dent 16 quelques années plus tard (Fig. 9). Elle n’avait probablement pas encore accepté sa nouvelle situation.

 

La première molaire supérieure gauche symbolise l’expression de notre sensibilité. Étant donné que cet aspect est souvent réprimé dans notre société moderne, cette dent est aussi très souvent traitée.

La première molaire inférieure gauche reflète notre désir d’être aimé. Cette dent est souvent restaurée et est très vite associée à des résultats affligeants. Par exemple, les figures 10a–e montrent une patiente chez qui cette dent s’était fracturée après une rupture sentimentale. Un examen radiographique avait révélé que toutes les autres dents étaient demeurées intactes.

Les deuxièmes molaires correspondent à nos relations avec le monde qui nous entoure et particulièrement avec nos proches (Fig. 11). Les deuxièmes molaires droites, tant supérieures qu’inférieures, révèlent par leur état et leur alignement, les aspects ordinaires de la vie quotidienne. Certaines situations qui se répètent à longueur de temps, que nous considérons souvent comme banales, qui nous agacent, mais auxquelles nous sommes incapables d’apporter un changement, peuvent se refléter dans ces dents.

Les deuxièmes molaires gauches peuvent montrer l’harmonie des relations avec les membres de notre famille. Une de mes jeunes patientes se démenait pour faire face à une relation triangulaire permanente au sein de sa famille. Un traitement endodontique était indiqué pour sa deuxième molaire supérieure gauche, alors que l’ensemble des dents ne présentait pratiquement aucune lésion carieuse (Fig. 12). Le frère, qui n’avait pas été confronté à la situation de sa soeur, ne présentait aucun problème dentaire. Dans ce contexte, je voudrais souligner que les dents reflètent les circonstances de la vie selon la perception subjective de la personne concernée. Pour nous dentistes, les troisièmes molaires sont généralement d’un intérêt secondaire, contrairement aux chirurgiens et aux endodontistes qui peuvent s’enorgueillir des canaux radiculaires de formes bizarres parfaitement obturés dans ces dents. D’un point de vue holistique toutefois, les troisièmes molaires expriment l’énergie interne d’un individu (Fig. 13). La troisième molaire supérieure droite correspond à nos efforts d’intégration dans le monde physique et le monde spirituel. La troisième molaire supérieure gauche représente la crainte du rejet de ces deux mondes. La troisième molaire inférieure droite est un baromètre de notre énergie physique.

Si l’on se penche sur les particularités des troisièmes molaires, on découvre les problèmes typiques de l’adolescence, auxquels une jeune personne fait face au moment de l’éruption de ces dents. Par exemple, j’ai pu constater à plusieurs reprises des éruptions compliquées de troisièmes molaires inférieures chez des étudiants en période d’examen, lorsqu’ils sont plus vulnérables, tant psychiquement que physiquement. J’adopte une approche très conservatrice vis-à-vis des extractions radicales et préventives des troisièmes molaires car je considère qu’elles jouent un rôle important dans l’équilibre énergétique de tout l’organisme.

Pour en apprendre bien plus sur ce sujet, je vous recommande de lire le livre du Dr Michèle Caffin, chirurgien-dentiste française : Quand les dents se mettent à parler. J’espère aussi que les facettes des vies professionnelles et émotionnelles de vos patients que vous observerez dans les dents de vos patients vous réserveront une foule de découvertes intéressantes.

Note de la rédaction : cette publication est la seconde partie d’un article paru pour la première fois dans Cosmetic Dentistry 2/15. Et dans le journal Dental Tribune France 1/2018

Une liste complète des références est disponible auprès de l’éditeur.

https://www.dental-tribune.com/epaper/dental-tribunes/dt-france/180084-[10-12].pdf